• Batman Absolution

     "La vengeance est une justice sauvage", prétendait le philosophe anglais Francis Bacon. C'est sur ce sentiment, qui constitue un véritable thème transversal dans le traitement moderne du personnage de Batman, que se penchent l'auteur John Marc DeMatteis et l'artiste Brian Ashmore dans le graphic novel Absolution.

    Gotham City. Un attentat est perpétré dans les locaux de Wayne Enterprises par Jennifer Blake, terroriste d'extrême gauche. 10 années plus tard, la responsable, qui court toujours malgré la traque sans relâche d'un dark knight à la haine culminante, est détectée en Inde dans une mission religieuse.

    Dans ce graphic novel, DeMatteis choisit de s'extirper de la continuité de Batman pour écrire une histoire au schéma narratif proche de l'enquête policière ou du thriller, sans aucun pré-requis, qui développe une double réflexion : à un niveau strict, comment considérer la mission d'un « justicier » comme Batman qui, malgré sa droiture morale, demeure soumis à ses faiblesses humaines ? L'auteur nous dépeint d'ailleurs un Batman non seulement affaiblis physiquement et psychologiquement mais surtout d'une intransigeance (trop ?) extrême qui confine à la cruauté. Dans un sens plus large, l'auteur s'interroge sur les thématiques de la rédemption religieuse et du pardon, dans une société encore très marquée par le désir vengeur découlant des attentats du 11 septembre, puisque le comic paraît en 2002.

    L'auteur signe donc un comic noir, intelligent mais aussi distrayant, puisque l'histoire est ponctuée de rebondissements, avec même une certaine poésie parfois (notamment dans la conclusion, très réussie).

    Pour la partie graphique, le comic est très agréablement mis en peinture par l'artiste Brian Ashmore. Les qualités et les défauts sont inhérents à la peinture en comics : les planches sont magnifiques, avec un travail de couleur tout à fait remarquable et des pleines pages grandioses, mais le style peinture impose à l'œuvre une certaine austérité, solennité, et pêche parfois sur les détails, notamment dans les cases plus réduites. Les néophytes et les allergiques à la peinture ne s'y retrouveront peut-être pas, les fans du travail d'artistes comme David McKean seront dans leur élément. Il est toutefois important de signaler que la partie indienne confère à l'œuvre des décors inhabituels pour le héros. Voir Batman visiter le Taj Mahal, ça peut paraître bizarre mais c'est original.

    Afin de conclure, les deux auteurs nous offrent avec Absolution un très bon one shot, à l'esthétique particulière mais réussie et à la double richesse distrayante et intellectuelle. Cette œuvre devrait particulièrement plaire aux amateurs de DeMatteis (on peut d'ailleurs la rapprocher d'un Kraven's Last Hunt), ou d'Arkham Asylum (les deux comics étant peints et s'intéressant aux faiblesses et aux contradictions du caped crusader).


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