• Constantine #1

    regular

    On vous en parlait il y a un petit mois, l’iconique série Hellblazer de Vertigo, qui mettait en scène le magicien John Constantine, s'est arrêtée pour faire place à un nouveau titre, Constantine, dont le principal protagoniste se trouve être la version jeune du personnage, intégré à la continuité du DCverse et déjà présent dans le titre Justice League Dark. Le premier numéro étant paru aujourd'hui, accrochez vous et c'est parti pour une plongée dans l'univers grinçant et sombre du...ah, on me signale dans l'oreillette qu'on se dirige plutôt vers la destruction de licence.

    « New York City » constituent les premiers mots qui vous tomberont sous les yeux à l'ouverture de l'issue, et vous vous rendrez très vite compte du caractère prophétique que revêt cette expression. Le postulat de l'équipe scénaristique, composée de Jeff Lemire et de Ray Fawkes, est en effet on ne peut plus simple : exit les bas-fonds terriblement fantastiques de Londres ou de Liverpool, exit l'humour britannique, exit le nihilisme et l'ironie cinglants du personnage, et bienvenue à un jeune Constantine badass, qui n'hésitera plus à vous coller la tête dans le mur ou à se battre dans les toilettes des avions, qui affrontera une magie subtile comme dans un film de Michael Bay et qui s'arrogera responsable du contrôle de la magie dans le monde, rien que ça. Un Constantine américain en fait. Et c'est bien là tout le problème, car cette perception de héros de comic américain de base ne vous quittera jamais, malgré un détour par la Norvège qui, non content de ne rien apporter d'autre qu'une colo répugnante (mais on en reparlera), sort totalement du chapeau sur le plan de la construction dramaturgique. Cette sensation est d'ailleurs renforcée par le manque de charisme du vilain qui, lui aussi, rapproche l'issue de l'histoire de super-slip dans sa propension à être idiotement manichéen (la méchante sorcière du méchant culte noir utilise méchamment ses pouvoirs pour tout cramer sur son passage, ça a quand même moins de gueule que le First of the Fallen de Ennis ou que la galerie hiérarchique des démons chez Delano). On a donc du côté du scénario un travail qui oscille entre le passable pour un lecteur lambda et le crève-cœur pour le fan de Hellblazer qui aura la très désagréable impression de côtoyer un imposteur qui se fait passer pour le magicien, sans jamais réellement approcher son caractère unique.

    hit

    Au niveau du dessin, on retrouve le relativement jeune artiste brésilien Renato Guedes, que l'on a déjà pu voir sur du Superman : New Krypton par exemple. Le trait, qui se veut plutôt moderne, est assez désagréable du fait d'un déséquilibre trop marqué entre le niveau de détails des personnages ou objets de premier plan par rapport aux fonds de cases, ainsi qu'à cause de problèmes de proportion de certains objets qui surviennent sporadiquement au cours de l'issu. Le character design de John, quant à lui, est franchement discutable. Si l'équipe de sacrilèges qui officie sur le titre n'a pas osé toucher au mythique trench-coat du héros, elle a quand même cru bon d'adapter la coupe et de lui administrer des gants en cuir noir (qui deviennent subitement brun, allez savoir pourquoi) qui font terriblement penser au Joker de Bermejo. On préférera glisser sur la tête de Constantine jeune, avec son style faussement négligé de baroudeur qui en a vu d'autres, qui évoque un peu Vincent Cassel de profil. Enfin bref, vous l'aurez compris, c'est foiré. Le travail de coloration, quant à lui, est assez correct tant que l'action est située à New York, mais commence à décliner dès la scène de l'avion en adoptant un style beaucoup trop lumineux pour le personnage et finit tout simplement par se vautrer lamentablement lorsqu'on atteint la Norvège. Saviez-vous que la Norvège est un pays entièrement bleu ? A titre personnel, je l'ignorais. On terminera en évoquant succinctement les couvertures. La regular pose, malgré la présence aux crayons du trio Ivan Reis, Joe Prado & Rod Reis, un problème de cohérence assez sévère : qu'est ce que peut bien foutre John Constantine au milieu de ce qui semble être le vide spatial ? Si le fond de la couverture s'intégrerait très bien à des séries comme FF ou F4, on ne peut que la trouver particulièrement déplacée dans le cas présent. On déplorera aussi de subir la vision d'un Constantine qui fait jaillir des pentagrammes et autres têtes de mort dans un flux bleu magique de ses mains, nous rappelant par là que les duels de magie oratoires et les incantations qui faisaient la beauté de Hellblazer ont plié bagage avec la série et que le tape à l’œil et l'aspect tapageur de la série d'action sont rois. La variant, pour sa part, est dessinée elle aussi par Guedes, qui livre une interprétation très classique de John près de sa tombe mais pas inefficace, malgré un arrière-plan trop nu.

    preview extrait

    On va faire simple pour terminer. Delano, Ennis, Diggle, Milligan, Carey...etc vous oubliez. L'école britannique nous aura offert une excellente série sur le thème de l'occulte avec un des personnages les plus charismatiques de la boite Vertigo. Aujourd'hui c'est fini et Constantine n'est qu'un de ces comics comme il en existe tant. Chacun fera son choix quand à la pertinence de sauter le pas ou non. Personnellement, je m'y refuse et je déconseille fortement la série aux amateurs du magicien de la classe populaire. Vous serez déçus.

    Simon

    variant

     

     

     


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