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    REVIEW VO The Wake #1 (Snyder/Murphy)

     

      Annoncée comme LA série Vertigo à suivre depuis son annonce en grande pompe lors de la San Diego Comic Con 2012, The Wake n’a cessé de faire parler d’elle. Et pour cause, scénarisée par Scott Snyder (Batman, American Vampire, Swamp Thing), et dessinée par le très énergique Sean Murphy (Punk Rock Jesus, Joe the Barbarian), ce n’est pas la première collaboration entre les deux hommes qui avaient déjà travaillé (avec succès) sur la mini série American Vampire Survival of the Fitest (Legacy tome 1 en VF). La série avait donc toutes  les cartes en main pour être une réussite.

       Qu’en est-il vraiment ? Est-ce que ce premier numéro marquera le début d’une grande série ? Début de réponse donc dans cette review du premier numéro.

     

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      Sortie depuis le 29 mai 2013, cette première issue sur les 10 qui constitueront la minisérie a la lourde tâche de lancer son intrigue et ses personnages. Le pitch de départ annoncée par les créateurs était simple, explorez les fonds marins, ses abysses et ses monstres oubliés, l’occasion pour Snyder de replonger dans les récits d’horreur sur lesquels il a déjà montré tout son talent. Malheureusement ce n’est pas sur ce premier numéro que le lecteur aura des sueurs froides en tournant les pages, ce qui est pardonnable du fait que ce premier numéro se concentre plus sur les personnages et la « mythologie » de l’univers.

     

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      Le numéro commence donc sur les pérégrinations d’une jeune femme à travers une ville semi engloutie, accompagnée d’un dauphin qui semble lui obéir. On n’en apprend pas plus sur cette femme, ni sur son compagnon ou sa condition, car une vague géante apparaît et déferle sur les 2 acolytes. Fin de la première partie (visible dans la preview de ce numéro). On peut néanmoins profiter du sens du détail de Sean Murphy qui,  comme pour ses merveilles architecturales dans Punk Rock Jesus, nous sert ici un environnement dévasté fourmillant de détails et de réalisme. Ellipse narrative et nous nous retrouvons 200 ans plus tôt, avant le cataclysme ayant provoqué les inondations, et l’on fait la connaissance de Lee Archer chercheur en biologie marine qui étudie les cétacés marins (baleine, dauphins etc..) dans des organisations non gouvernementales. Celle-ci est interrompue dans ses recherches par l’agent Astor Cruz qui réquisitionne ses connaissances pour identifier un cri entendu dans les eaux profondes près de l’Alaska. Jouant sur la curiosité et la fibre sentimentale du chercheur, l’agent Cruz va réussir à la convaincre de faire partie d’une expédition afin de résoudre ce mystère malgré la réticence de cette dernière à collaborer avec des instances avec lesquelles elle est apparemment en conflit. Le récit est donc lancé, de la plus belle des manières avec une superbe double page de Sean Murphy embellie par une magnifique coloration (ce qui n’est pas une mince affaire tant le (les ?) trait de Murphy est difficile à mettre en valeur. Nous suivons donc Lee à la découverte du complexe de recherche, qui se révèle être un immense complexe pétrolier sous-marin (peut être une explication au réveil de la créature responsable du cri enregistré) et à celle de l’équipe qui va l’accompagner. Premier constat agréable, les personnages dessinés par Sean Murphy on enfin une réelle identité visuelle propre, on a ici 5 personnages tous bien différents, autant dans le look que dans le caractère. Certains dialogues entre l’équipe sont déjà savoureux comme Snyder a l’habitude de nous en livrer. 

     

      Parlons-en d’ailleurs, de la prestation de Scott Snyder sur ce numéro, personnellement j’ai été habitué au très bon (Detective Comics, American Vampire, Batman 1-11), au sympathique (Swamp Thing pré rotworld, iron Man noir) mais aussi parfois au décevant (Death of The Family, Rotworld), dans toutes ses œuvres on peut quand même déceler une écriture simple mais rudement efficace qui porte son lecteur dans une lecture assez fluide, assez énergique, avec des dialogues cinglants et des idées novatrices Malheureusement ce n’est pas toujours réussi et ses idées ne font pas toujours l’unanimité. Ici Snyder ne torture pas son talent, il livre un numéro d’introduction tout ce qu’il y a de plus classique. Avec le schéma type, personnage principal, intrigue, lieu et personnages puis menace. C’est efficace certes, et reste plaisant à lire, mais on aurait aimé que l’aspect « effrayant » qu’il maitrise tant soit mis en avant de manière plus efficace. Après Snyder a la bonne idée d’instaurer un huit clos dès le début de sa série et on sent bien que les personnages vont se retrouver impuissants face à ce qui les entoure si la situation venait à empirer. On a donc hâte de voir comment Snyder va gérer cette composante et on espère que celle-ci sera traitée avec succès. Encore une fois, que de promesses dans ce numéro, quelle mise en bouche, on espère ne pas être déçu par la suite.

     

     

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      Du côté graphique maintenant, pour être honnête, je suis un grand fan du style de Sean Murphy. C’est donc avec énormément d’attentes que j’ai ouvert ce numéro et avec beaucoup d’appréhension aussi due à la coloration. Tant on sait que la coloration ne fait pas toujours bon ménage avec le style de Murphy (comme dans American Vampire ou Batman par exemple). Ici les arrières plans on un ton très pastel très lumineux pendant un temps, puis arrivé sur le lieu d’expédition, tout s’assombri et devient bleuté. Le contraste est parfaitement réussi et le changement d’ambiance est immédiat, on sent rapidement la volonté de contraster entre la profondeur et l’extérieur, de rendre l’un accueillant ou bien même insignifiant et de rendre l’autre oppressant. Niveau coloration donc Matt Hollingsworth s’en sort très bien sur ce numéro, rendant justice au trait violent de Murphy. On peut noter un petit bémol sur la coloration des visages qui n’est pas toujours parfaite ou identique d’une case à l’autre, ou qui parfois ne diffère pas assez de la coloration de l’arrière plan. Au niveau du dessin en lui même, je l’ai dit plus tôt, les designs des personnages sont réussis et la différence entre chaque protagoniste est bien marquée. Sean Murphy réalise un travail de détail assez impressionnant, que ce soit dans les intérieurs des sous-marins, du complexe minier ou bien encore des véhicules. On a vraiment hâte de découvrir les monstres marins imaginés et promis par Sean Murphy. La copie rendue aurait presque pu être parfaite si le regard de l’agent Cruz aurait été plus expressif et plus différent d’une case à l’autre, en effet le personnage remporte haut la main la palme du personnage le plus inexpressif du numéro. Vraiment dommage d’autant que celui-ci a quelques répliques bien sympathiques. Une bouche de baleine un peu difforme a aussi titillé mon âme d’amateur du détail… Comme souvent avec Murphy, on retrouve la jeune femme frêle et blonde et le gros balèze, je ne sais pas si le duo est une idée du dessinateur, mais c’est drôle de voir le parallèle entre les différentes œuvres du bonhomme. Flemmardise ou clin d’œil ? Je vous laisse juge.

      En conclusion, The Wake n’est pas un excellent numéro en lui même, mais un très bon numéro d’introduction. Les deux auteurs nous livrent un travail efficace mais on sent qu’ils leur en restent sous la pédale et on espère que c’est parce qu’ils ont prévu de nous en mettre plein la vue sur les prochaine issues. Un numéro qui promet beaucoup, on connaît la notoriété des deux hommes et je peux vous dire que j’attend la suite avec beaucoup d’impatience mais aussi pleins d’attentes, qui je l’espère ne seront pas déçues. The Wake est-il la réussite attendue ? Seul la suite nous le diras …

     

     

     

    Stefok


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  •  Gotham City, fin du XIXème siècle. Une série de meurtres sur des prostituées amène Jonah Hex à rencontrer Amadeus Arkham pour traquer le tueur. Bien vite, nos deux compères vont faire face à un véritable complot au sein même de la ville…

     

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    Intégrée au relaunch des New 52, c’est le duo historique Jimmy Palmiotti/Justin Gray qui reprend la série. En effet, avant d’être massacré au cinéma, Jonah Hex était un personnage de comics. Crée par John Albano et Tony DeZuniga, le bonhomme est un modèle de masculinité : chasseur de prime, gueule cassée, épave vivante de la guerre de sécession, solide buveur,  bagarreur  hors pair…
    Il est l’opposé d’Amadeus Arkham, homme de science excentrique et peureux qui préfère éviter les ennuis.

     Un duo opposé, très télévisuel en somme. La brute et le savant (un peu fou). Sur fond d’enquête criminelle, le récit mêle western traditionnel (avec son quota de bagarres de saloon et de fusillade) avec  l’esthétique steampunk d’une ville qui se lance de pleins pieds dans la révolution industrielle.  Des rues sales et malfamées du bas-fond de la cité aux égouts, on découvre Gotham City sous un aspect encore peu traité (néanmoins abordé plus en profondeur par Scott Snyder avec sa mini-série Gates of Gotham, et rapidement évoqué dans la série Batman actuelle). Sans révéler le déroulement de l’intrigue, sachez tout de même que le deuxième volume s’appelle « War of Lords and Owls ». La série est donc parfaitement intégrée à la mythologie post-new 52 et au Batverse, et peut tout à fait être abordée comme une préquelle à la série Batman. C’est également l’occasion de croiser quelques grands noms de l’histoire de Gotham City.

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    L’histoire est parfaitement menée et très rythmée. Hex n’est pas un homme de discours et laisse parler ses poings à sa place. Au bout de 15 pages, le chasseur de prime à déjà tabassé la moitié d’un bar lors d’une bonne vieille baston qu’il aura lui-même provoquée.

     Visiblement, Gotham City attirait déjà à l’époque  toute la faune de détraqués, voleurs et tueurs qu’on lui connait aujourd’hui, Jonah Hex le premier. Comme le dit si bien Arkham , "There are no ordinary nights in Gotham. […] This night would open the door to one of the most interesting cases of my life. […] It brought me into direct contact with one of the most interesting subjects of human psychology I’d ever encounter”.  C’est donc le terrain de jeux idéal pour le savant, comme en témoignera la création de son célèbre asile. Il se trouve en plus être le narrateur de l’histoire, et les auteurs proposent par son intermédiaire une analyse plutôt fine et passionnante de Jonah Hex (Arkham allant jusqu’à faire une petite remarque qui ouvrirait la voie à Freud, pour mon plus grand plaisir). De ce fait, la série est accessible aux nouveaux lecteurs ne connaissant rien à rien sur le chasseur de prime.  Au final, ce duo de personnages antagonistes permet d’équilibrer parfaitement le récit, entre action et réflexion .

    Pour accompagner tout ça, rien de tel que les planches de Moritat (qu’on a pu voir récemment sur Elephantmen chez Delcourt). Un dessin loin des standards mainstream, qui ne plaira pas à tout monde mais qui sert parfaitement l’histoire, a la fois grossier, sale et  violent. Il en est de même pour les couleurs, majoritairement dans les teintes de gris et d’orange. Moritat accorde néanmoins une place importante aux décors auxquels il apporte un soin tout particulier. Il s’en dégage une réelle atmosphère du récit, presque intimiste et personnelle. Un dessin qu’on pourrait tout à fait comparer, dans l’esprit,  au travail de Travel Foreman sur la série Animal Man (de Jeff Lemire).

    Il convient également de faire un rapide point sur les back-up, ces histoires de quelques pages publiées à la fin des numéros dans le style des anthologies qu’on trouvait dans les comics de western et d’horreur. La première nous présente El Diablo, un autre personnage de comic des années 70 dans une histoire de zombies à la sauce far-west. La deuxième voit la création d’un personnage original imaginé par les deux auteurs, « The barbary ghost ». Le récit aborde ses origines, une histoire de vengeance dans la plus pure tradition western, très plaisant à découvrir.Ces deux histoires courtes sont très sympathiques à lire, bien rythmées et apportent un peu plus de contenu à un TPB déjà bien fourni.

    Vous l’aurez compris, All-Star Western est un véritable coup de cœur pour moi. Le TPB reprend les numéros #1 à 6 de la série. On regrettera qu’il reste inédit en VF et accessible uniquement aux lecteurs de VO. Ce premier volume est néanmoins disponible sur les sites de ventes habituels pour un prix ne dépassant pas la douzaine d’euros, frais de port compris. Si vous êtes intéressé de près ou de loin par l’histoire de Gotham, par Jonah Hex, Amadeus Arkham ou tout simplement par un bon comic de western, je ne peux que vous conseiller cette série. Sans aucun doute un des grands gagnants des new-52 pour moi (peut-être même ma série préférée du relaunch). N’hésitez pas à vous lancer, sachant que le deuxième volume est déjà sortit et fait encore plus de liens avec la série Batman. 

    DevilPoulet

     

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