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      Rorschach #1, Aout 2012 - DC Comics - 4$

     

    Commençons par un peu d'histoire. 1986, sortie d'un comic-book qui va révolutionner le genre. Scénarisé par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons, Watchmen boulverse les codes du super-héro. L’œuvre devient rapidement populaire, acclamée par le public et la critique, et s'impose comme un des meilleur « graphic novel » de tous les temps.

    Petit bémol : suite à un tour de passe-passe à base de petits caractères sur les contrats, Moore n'a jamais rien touché sur son œuvre et c'est DC qui a tout empoché.

     

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    25 ans plus tard.

    Début février, DC faisait jazzer dans les chaumières en annonçant une préquelle à l’œuvre de Moore. Légitimement, des voix se sont élevées contre cette décision, critiquant une politique purement commerciale de la Distinguée Concurrence. Le maître lui-même s'exprime sur le sujet, avançant que les plus grandes œuvres littéraire n'ont jamais eu besoin de préquelle ou de suite.

    La communauté de lecteurs se scinde en deux, les pro et les anti-Before Watchmen.

    Concrètement, BW est composé de 7 mini-séries de 4 ou 6 numéros (une série par personnage : Ozymandias, Rorschach, Silk Spectre...) et d'un épilogue. Chaque série est scénarisée et dessinée par un duo d'auteurs/dessinateurs. Et quand on voit la batterie d'artistes qui travaillent sur la préquelle, on se dit que DC n'y est pas allé avec le dos de la main morte. Citons au hasard J. Michael Straczynski, Darwyn Cooke, Brian Azzarello, Andy Kubert, le désormais regretté Joe Kubert...

     

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    Bien entendu, Rorschach est un des plus attendu au tournant. Scénarisé par Brian Azzarello et dessiné par Lee Bermejo, autant dire qu'on en attendait pas moins pour un des personnage les plus emblématique de l'univers des comics.

    Après une première lecture, le constat est mitigé. Mes attentes étaient-elles trop grandes ? Le fait est que le récit se lit très bien, très vite, mais ne nous apprend strictement rien sur le passé de Rorschach. Là ou les Minutement présentaient une équipe révolue, ou Silk Spectre revenait sur son passé teinté de hippisme (de la communauté hippie hein, pas des courses épiques !), Rorschach pourrait tout à fait se dérouler dans l'histoire « normale » de Watchmen.

    Le schéma est le même que dans l’œuvre de Moore : une histoire de meurtre, Walter qui chercher l'assassin, des bastons et des membres qui se brisent. Certes, c'est le minimum qu'on attendait, mais vraiment le strict minimum. On m'aurait pas dit que je lisais du Before Watchmen, ce premier numéro aurait très bien pu être « Que fait Rorschach quand il ne fait pas partie des Watchmen ». Le seul indice de temps que l'on ait est la date sur son journal : 1977.

     
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    L'intérêt du titre, puisqu'il y en a quand même un, est l'enquête. Notre justicier a affaire à un tueur en série, « The Bard », et va explorer la « basse ville », les quartiers mal famés. Le décors sert très bien l'art de Lee Bermejo qui livre un travail que je trouve magnifique. Classique, certes, mais magnifique. Le découpage des cases est assez dynamique et sert bien un titre qui fait la belle part aux scènes d'actions.

    Malheureusement, moi qui espérait beaucoup en découvrir plus sur le passé et l'enfance à proprement parlée du rouquin, nenni nenni. L'histoire est intéressante, certes, mais aurait pu l'être infiniment plus.

     
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    Enfin, on retrouve à la fin, comme dans chaque numéro, l'équivalent des « Tales of the Black Freighter ». Si Moore en faisait une mise en abyme intelligente qui reflétait l'histoire, le « Curse of the Crimson Corsair » n'est en rien inséré dans le récit et m'a simplement ennuyé. Cela présente certainement un intérêt quelconque pour ceux qui liront chaque numéro de Before Watchmen, à voir lorsque la série paraîtra en HC.

     

    Il est difficile de juger sur un premier numéro. On est dans quelque chose de classique, on retrouve le Rorschach qu'on connaît, mais c'est justement ça le problème. J'aurais voulu voir quelque chose de nouveau, être surpris par ce qu'Azzarello aurait pu m'apprendre sur le personnage.

    J’attends tout de même la suite (parce que j'ai déjà payé le reste, certes...). Le prochain numéro constituera déjà la moitié de la mini-série qui n'en compte que 4, espérons donc qu'on aura droit à un tournant scénaristique. A lire pour les fans hardcore du personnage, ou les complétistes qui veulent toute la série en single.  

    DevilPoulet


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    Le joker est aujourd'hui le vilain le plus connu et probablement le plus charismatique de l'univers de Batman. Au cinéma il a été interprété par Jack Nicholson dans le film de Tim Burton et Heath Ledger dans la version de Nolan «  The Dark Knight ». Ledger a donné au personnage un style propre en l'éloignant radicalement de la version de Burton ou encore de sa représentation dans le comics.

    Écrit par Brian Azzarello ( 100 Bullets, Lex Luthor : Man of Steel... ) et dessiné par Lee Bermejo ( 100 bullets, Hellblazer ...) , ce graphic novel nous conte une aventure du méchant le plus célèbre de Batman : Le Joker. Sorti de l'asile d'Arkham, Joker s'aperçoit que ses « collaborateurs » l'ont trahit en revendant en s'accaparant ses territoires. Il décide alors de se venger en mettant Gotham à feu et à sang, même au prix d'un affrontement avec le chevalier noir... Batman !

     

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    Joker ( tel est le nom de l'œuvre ) joue la carte de l'ultra réalisme; en effet fini le fantastique avec des Super Vilains possédant des pouvoirs à la limite du mystique. Non , ici Killer Croc est un cannibale tout ce qu'il y a de plus humain ( S'il est possible de considérer un cannibale comme un être humain ! ), Joker est moins «  délirant » et la ville de Gotham ressemble plus à un Ghetto mal famé et rongé par la corruption qu'à une ville futuriste comme on l'a souvent vue dépeinte. On se rapproche donc plus de l'œuvre de Christopher Nolan et de l'interprétation de Heat Ledger que de celle de Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton.

    Le scénario est construit à la manière d'un polar et se rapproche plus d'un film que d'une aventure typique de Batman. On suit le retour du Joker à Gotham après ses années d'internement à l'asile d'Arkham à travers les yeux d'un petit brigand engagé pour accompagner J' à sortie de l'asile.

    Cette histoire développe aussi la psychologie des personnages. Ainsi on découvre un Joker torturé et en proie à des émotions qu'il ne peut visiblement pas contrôler pendant sa tentative de récupération de ses territoires. De plus, Johnny Frost le petit délinquant accompagnant le Joker est confronté à des personnages beaucoup plus dangereux et certainement plus fou que ceux qu'il a pu rencontrer auparavant. Il faut noter que des personnages emblématiques de l'univers Batman font des petits cameos tout au long de l'histoire, tout en ayant un aspect et une personnalité qui diffère quelque peu. On pense par exemple à Killer Croc, Harvey Dent voire même une Harley Quinn qui tranche radicalement de la la manière dont elle était représentée au fil des années.

     

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    Autre originalité de ce graphic novel, l'histoire se situe dans l'univers de la pègre de Gotham et il n'est presque jamais question de voir le chevalier noir en action; mentionné à plusieurs reprises, celui-ci n'apparaîtra qu'en tant qu'ombre surveillant les criminels de la ville.

    Coté dessins, le travail de Lee Bermejo est scindé en deux. Certains plans restent classiques et on a souvent l'impression de se retrouver devant un comics des années 90. Des dessins avec de nombreux détails au niveau des personnages et aux couleurs assez ternes à la manière d'un film des années 50. D'un autre côté, certains plans de visages ( Très flagrant pour le Joker ) sont quasiment photo-réalistes et peuvent bluffer dans la transmissions des émotions des personnages.

    Nous pouvons donc affirmer que la patte graphique de Bermejo renforce l'ambiance et le coté tragique de l'histoire ; la couleur fait ressortir le coté « mauvais » de Gotham.

     

    Joker est donc une œuvre différente de ce que nous avons l'habitude de voir dans l'univers des Supers-Héros de part son aspect réaliste et crédible, et il est certain que cela ne plaira pas à tout le monde, notamment à cause de l'absence quasi totale de Batman. Pourtant il est certain que ce livre fait déjà parti des classiques et est indispensable si l'on souhaite lire les meilleures histoires de la chauve-souris.

    C'est donc tout naturellement que je vous conseille de le feuilleter en librairie et, si vous êtes emballé, de ne pas hésiter et de foncer l'acheter. Bien qu'aujourd'hui ce soit Urban Comics qui ait la licence DC, l'album est encore trouvable sur le net. 


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